
En prenant l’habitude de vous exposer au regard d’autrui,
vous apprenez à gérer l’inconfort du refus et du rejet, mais aussi celui
qui accompagne l’acceptation, la reconnaissance, la gratitude.
La peur d’être vu a deux faces
- Que se passe-t-il si l’on vous voit et que l’on vous aime ?
- Qu’est-ce qui est le plus inconfortable ? Le rejet ou l’acceptation ?
Si vous êtes reconnu comme artiste, cela remet en question
tout que vous (n’)avez (pas) fait depuis toutes ces années de
résistance et de blocage. Vous ferez alors face à une nouvelle réalité,
dans laquelle vous n’avez plus besoin de retenir vos élans créatifs. Que
se passe-t-il lorsque votre voix est libre ?
C’est quelque chose que vous ignorerez tant que vous ne
l’aurez pas vécu et comme tout ce qui est inconnu, c’est une source de
doutes et de peurs tout autant capable de limiter votre expression et
votre expansion créatives que la peur du rejet. Après tout, le rejet,
vous connaissez, vous le pratiquez sur vous-même depuis des années.
C’est confortable.
Trouver le courage de vous exposer malgré ces peurs est
essentiel pour vous permettre d’avancer mais que se passe-t-il si vous
allez au-delà ? Que se passe-t-il si vous supprimez de votre esprit
toute inquiétude et tout espoir quant à la réception de votre travail ?
Le secret le moins bien gardé de la créativité
L’une des révélations les plus communément partagées par
les artistes qui franchissent le cap entre l’envie de créer et la
création elle-même, la vie créative effective (qu’ils créent à temps
plein ou non, qu’ils en fassent leur métier ou leur hobby), c’est que
tout s’arrange à partir du moment où l’accent de leur vie est mis sur
l’acte créatif lui-même (ce qui inclut la diffusion) et non sur sa
réception.
Le moment où vous vous inquiétez de savoir si, à chaque
instant de votre pratique, vous êtes concentré sur l’ici et maintenant,
sur l’action de faire plutôt que sur le rêve d’avoir fait, c’est le
moment où votre créativité est réellement libre.
Il y a plusieurs corollaires à cette démarche et l’un
d’entre eux c’est d’avoir un système créatif en place dans lequel vous
réfléchissez à la raison d’être de l’oeuvre avant de commencer à la créer.
Lorsque vous avez réfléchi à l’impact que vous vouliez
avoir sur le destinataire de l’oeuvre, vous avez donné une direction à
votre travail créatif et vous pouvez vous concentrer sur le travail
lui-même au lieu de vous disperser en vous interrogeant sur l’issue que
vous souhaitez qu’il trouve et celle que vous espérez qu’il ne trouvera
pas.
Tant que vous êtes concentré sur la question “que vont-ils penser de moi ?” vous n’êtes pas concentré sur le travail. Steven Pressfield
y voit une manifestation de votre résistance interne, qui lutte pour
empêcher votre créativité de s’exprimer. Je préfère y penser comme à une
habitude à dépasser.
Dépasser l’habitude d’être jugé pour ses actions
Parce que l’école (et plus tard vos jobs) vous a formé à
être sans cesse évalué, à ce que la moindre de vos réponses soit notée
et commentée sans discussion possible, vous n’avez pas pris l’habitude
de vous exprimer sans attendre un jugement.
C’est pourtant une attitude nécessaire pour permettre à
votre travail créatif de prendre toute son ampleur. Lorsque vous êtes
concentré sur ce que vous faites au lieu de fantasmer sur les réactions
que votre travail créatif provoquera, votre attention est totale plutôt
que dispersée.
Vous pouvez vous concentrer sur l’authenticité et la
vulnérabilité que vous injectez dans l’oeuvre. “Que vont-ils penser de
moi ?” est remplacé par “Suis-je assez authentique dans ce travail ?” et
“Comment puis-je être un peu plus vulnérable, risquer un peu plus ?”
Le plus important à apprendre
Vous découvrez que ce que vous avez à apprendre ce n’est
pas à gérer la réception critique de vos oeuvres (elle est hors de votre
contrôle) mais le contraire. Apprenez plutôt à donner toute votre
attention à votre maîtrise technique, à l’expression de votre message,
au respect de la décision que vous avez prise d’écouter et de laisser
exister cet élan créatif qui vous habite.
Pour parvenir à ce détachement, une fois que vous avez pris l’habitude de communiquer tous les jours sur votre travail
en racontant les histoires que vous avez choisies de raconter, et
maintenant que vous avez pris l’habitude de voir les réactions du public
sans vous y attarder, vous pouvez faire face au vide qui remplace le
brouhaha de vos peurs et de vos doutes.
Ce vide c’est du calme, du silence, de la sérénité sur
lesquels vous pouvez prendre appui pour asseoir le fait que, maintenant,
ce qui vous importe c’est de créer l’oeuvre la plus proche possible de
votre vision.
La vision
Au départ de l’oeuvre, il y a un brouillard constitué
d’images, de sensations, d’objets abstraits. Vous partez de ce
brouillard pour construire une image de l’oeuvre achevée. Le peintre
ébauche une esquisse, le romancier écrit un synopsis rapide, le musicien
murmure une mélodie.
Plus vous avancez dans le travail créatif lui-même plus votre vision se précise et s’affine.
Le véritable travail commence lorsque vous décidez de
faire entrer cette vision dans la réalité, quand vous développez la
stratégie par laquelle vous passerez de la projection mentale à l’oeuvre
elle-même, de l’abstraction à l’objet tangible.
C’est aussi le moment où “Que vont-ils en penser ?” commence à se manifester.
Tant que vous êtes dans le fantasme, dans la partie
purement imaginaire de l’oeuvre en devenir, vous ne prenez aucun risque.
Passer au concret, cela demande d’abandonner une à une les versions que vous ne retenez pas et à chaque embranchement que vous choisissez, la question se pose à nouveau: “Et si ce n’était pas le bon choix ?”
Pour vous aider à tenir le cap et à ne pas laisser les
doutes freiner votre travail, prenez le temps d’affiner votre vision.
Chaque nouvelle décision dissipe un peu plus le brouillard dans lequel
l’oeuvre est maintenue. Ce gain de précision quant à la direction que
vous suivez motivera votre travail. Vous pouvez vous concentrer sur
votre activité créative plutôt que de vous inquiéter de son issue et de
la réception qui lui sera réservée.
Trois questions quotidiennes
- Qu’êtes-vous en train de créer ?
- Que voyez-vous et que ressentez-vous lorsque vous visualisez l’oeuvre terminée ?
- Que voulez-vous que le lecteur/spectateur/auditeur… ressente et retienne lorsqu’il recevra votre oeuvre terminée ?
Posez-vous ces questions chaque jour pour
- Tenir compte du gain de précision apporté par le travail et
- Renforcer la clarté de votre destination, donc votre détermination à travailler chaque jour à sa réalisation
Restez simple. Le plus important c’est la régularité de
votre questionnement, pas sa densité. Pour toutes les raisons que j’ai
exposées plus haut, vous gagnerez davantage de clarté à vous reposer ces
trois questions tous les jours qu’à chercher une réponse exhaustive une
fois et à les laisser tomber.
La discipline et la régularité sont les clefs d’une créativité fluide et épanouie.
Source : Ecrire.TV
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