
" Pour être au clair avec soi-même, pour savoir de quoi sa propre pensée
est réellement capable, l'épreuve de l'écriture paraît cruciale.
Peut-être publie-t-on trop, mais il n'est pas sûr que l'on écrive
suffisamment. Tout le monde devrait écrire pour soi dans la
concentration et la solitude. " Dans cet essai très personnel, Georges
Picard part du désir de l'écriture comme " désir de se découvrir autant à
soi-même qu'aux autres " pour développer sa conception du travail de
l'écrivain, de la lecture et de la littérature. Il défend l'idée d'une
littérature exigeante, libre, sourde aux sirènes du marketing et de la
publicité, assumant crânement sa marginalité à une époque où sont
privilégiés les livres conformes aux standards d'une lecture fluide,
rapide et immédiatement digeste. " Aujourd'hui, la littérature est
entrée en résistance contre un ennemi qui n'a pas de visage, qui n'a que
l'identité vague et grise de l'indifférence. Cela ne doit pas
décourager la passion d'écriture, au contraire. C'est justement parce
qu'il n'y a rien à attendre du médiatique et du social en général,
qu'écrire ressemble de mieux en mieux à une vocation désintéressée. "
Notes :
"Ecrire,
ecrire, ne pas publier, dilemne torture et baume pour les lecteurs
invétérés, pitiés pour les arbres décapités, les décervelés, tout va
bien, je respire."
"J'ai connu de ces périodes découragées et décourageantes où le journal
ou la télévision ont plus d'attrait qu'un livre. Alors, étant au plus
bas de moi-même, l'angoisse enlevait toute saveur à ma vie. C'est que
j'avais goûté auparavant à des substances intellectuelles
prodigieusement roboratives, notamment à ces livres qui obligent le
lecteur à poser sur l'existence un regard métamorphosé. Pour les
personnes n'ayant jamais connu cette expérience bouleversante, lire un
livre n'est rien de plus qu'un moyen de passer le temps ou de se changer
les idées. Comment leur suggérer que la littérature possède des
pouvoirs bien plus déterminants sans leur donner l'impression qu'on
agite de façon grandiloquente des idées théâtrales?"
"Le plus beau de l'écriture, c'est cette tension entre ce qui est écrit
et ce qui est à écrire, c'est l'usage d'une liberté qui prend ses
risques en laissant ses traces."
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