
16 janvier 2004
L’aide à domicile de ma mère s’est fait virer un matin par mon petit frère avec perte et fracas ! Il ne supportait plus la façon dont elle traitait ma mère. Mon frère est impulsif, mais sur ce coup là, il a eu raison, je n’aurais pas tenu non plus longtemps à voir ma mère en panique tous les jours. Elle a été remplacée par une autre femme beaucoup plus douce, patiente, compréhensive et adorable.
Mon oncle Patrice a profité de son retour quelques jours à Rouen pour rendre visite à ma mère qu’il n’avait pas vue depuis très longtemps. Quand il est arrivé de bonne heure le matin, ma mère dormait encore, mais l’aide à domicile était présente. Elle est allée réveiller ma mère, l’a habillée et elle l'a accompagné jusqu’à mon oncle. Quand ma mère a vu son frère, elle s’est effondrée en larmes. Il l’a prise dans ses bras et elle a pleuré pendant au moins un quart d’heure. L’aide à domicile est venue la calmer pour qu’elle puisse prendre son petit déjeuner en compagnie de son frère. La psychiatre nous avait informés que ma mère perdait la mémoire, mais que tout ce qui concernait l’affectif, elle n’oubliait pas. Elle avait bien reconnu son frère, sans aucun doute possible. Mon oncle a trouvé que ma mère avait beaucoup maigri et qu’elle ne parlait plus beaucoup. Il a trouvé que l’aide à domicile était vraiment agréable, posée, calme, à l’aise dans la maison et respectueuse envers ma mère, tout ce dont elle avait besoin. Il a été choqué par l’état de sa sœur, il ne s’imaginait pas à quel point elle était malade.
Janvier n’est pas une période idéale pour mon moral, les jours sont courts, le temps est gris, je manque de soleil, de nature, d’oiseaux, de lumière. J’ai besoin de respirer, d’aller courir, de faire du sport, de bouger, mais il pleut depuis plusieurs jours. Je n’arrive pas à faire surface après ce mois de décembre éprouvant, je ne me sens bien que chez moi, je n’arrive pas à retourner chez Sophie. Je fais beaucoup de cauchemars, je rêve d’hommes, plus exactement de sexes d’hommes... c’est étrange et très perturbant. Les réveils sont difficiles, je me sens comme traquée.
Aujourd’hui je me sens comme les écrivains torturés intérieurement, comme ceux qui ont décrit leur personnalité dans les livres que j’ai lus récemment. Je me sens incomprise, je ressens cette double personnalité expliquée dans ces livres de vie d’écrivain, celle qui vit en société et celle qui a besoin de se replier sur elle-même pour se retrouver, qui a besoin de solitude pour écrire, pour trouver l’inspiration, pour se libérer de tous les tracas de la vie, celle qui a du mal à affronter la réalité. Je pensais que je n’étais pas comme tout le monde alors je suis rassurée de savoir que les écrivains vivent de cette façon. C’est une sensation partagée par les gens qui ont besoin d’évacuer leurs angoisses par écrit. Je ne suis pas comme tout le monde, je suis comme ces écrivains, comme des milliers de gens qui écrivent chez eux, en cachette et qui ne se feront peut-être jamais publier, car ils pensent que la publication est réservée à une certaine catégorie de personnes qui manient la langue française avec beaucoup d’aisance et de classe qu’eux.
Je pense que personne ne peut comprendre ce que je ressens vraiment quand je suis dans un état d’esprit comme en ce moment, où je ne peux absolument pas quitter mes repères. Je me protège quand je me sens vulnérable, ce n’est pas dramatique, tout le monde est fatigué l’hiver. En attendant le printemps, j’essaye de prendre soin de moi en surveillant mon alimentation, en essayant de dormir selon mes besoins, en évitant de m’éparpiller dans le travail et en ne faisant que des choses qui me plaisent dans la mesure du possible. Je sais que je retrouverai le maximum de ma forme au printemps, c’est ma saison préférée, elle réveille mon cœur avec le chant des oiseaux, les fleurs qui s’ouvrent, les feuilles qui renaissent sur les arbres, les couleurs remplissent mes yeux et éveillent mon âme. C’est aussi une renaissance pour moi puisque je suis née en mai. Je commence généralement à gigoter en mars !
Je sais ce dont j’ai besoin pour prendre soin de moi, quand on vit seule, c’est facile à mettre en pratique puisque que l’on peut s’organiser comme bon nous semble, à l’heure qui nous convient, cuisiner ce que notre corps réclame par exemple. Mais lorsqu’on vit en couple ou en famille, d’autres paramètres entrent en ligne de compte, bien souvent, on fait passer les besoins des autres avant les nôtres. C’est mon fonctionnement, je m’oublie. Alors si vous êtes seul(e), dîtes-vous bien que cette solitude est sacrée et qu’elle est là pour vous permettre de prendre uniquement soin de vous. Profitez de ce cadeau de la vie qui vous est offert pour vous préparer à aller vers l’autre plus tard, dans de meilleures conditions psychologiques, physiques et émotionnelles. Si vous avez le sentiment de subir votre solitude, il est peut-être temps de travailler sur la blessure d’abandon, d’écouter l'enfant qui est en vous et d’essayer de comprendre pourquoi il n’aime pas être seul. Quelles sont les angoisses que la solitude procure chez vous ? Reconnectez-vous à cet enfant intérieur pour pouvoir changer votre vision sur la solitude. Elle n’est pas une punition de la vie, elle est là pour vous accompagner sur votre propre chemin, pour que vous vous reconnectiez à vous même et non plus à l’extérieur. Vous trouverez en vous des pépites qui vous aideront à avancer vers les autres de manière autonome et indépendante, vous deviendrez libre, si vous le souhaitez...
Je souffre moi-même de dépendance affective, mais j’ai cette conscience que la solitude me permet de me retrouver pour ne plus avoir besoin des autres pour exister. C’est une étrange sensation en moi, car j’ai besoin des deux en ce moment, je navigue d’une situation à l’autre sans arrêt. La solitude ne m’effraie pas, mais si je m’attache aux gens, je suis sous une sorte d’emprise qui m’empêche d’être libre. Je suis capable d’apprécier la solitude, je la recherche même souvent, car je me sens vite envahie par les autres, par leurs problèmes, par leurs émotions, cela m’affecte et me fatigue énormément. J’ai une extrême empathie, complètement indépendante de ma volonté, j’absorbe sans me rendre compte et je suis obligée à un moment de rester seule quelque temps pour retrouver mon énergie. La solitude dans ce cas, devient une nécessite et je l’aime parce qu’elle me fait du bien. Je n’ai jamais eu la sensation de subir la solitude, mais j’ai eu souvent l’impression de subir mon entourage.
J’apprends à mettre des limites, mais j’ai une capacité d’endurance phénoménale, elles sont souvent dépassées. Prendre soin de soi ne va pas de soi... cela s’apprend au quotidien.
Maryline
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
MERCI pour votre visite !