10 janvier 2017

Des Maux et des Mots - AURANE NEA

Un grand MERCI à TOI AURANE pour ce texte venu à moi ce matin en ouvrant ma page Facebook.... un message vibrant a traversé mon corps à sa lecture. MERCI.


 Livre, Écrivain, Lecture, Paysage
Les liens se nouent, se dénouent puis se renouent, et se dénouent à nouveau.
Les attaches vont et viennent comme dans un bal dansant, changeant de cavaliers au gré des vents.
Mais certaines nous hantent, nous habitent. Elles nous collent à la peau, font partie de notre âme. Telles des cordes, elles maintiennent notre structure profonde... Celle qui fait de nous ce que nous sommes.

J'avais rêvé d'écrire. J'ai toujours rêvé d'écrire. Depuis aussi loin que je me souvienne, mon coeur s'exprime à travers mes mots, et ma créativité est liée à mes maux. Mon écriture m'habite et mon âme habite mon écriture. C'est une part de moi que je ne peux renier. C'est une de ces attaches qui embellit ma vie autant qu'elle la rend mystérieuse. Une telle passion, insolente, incertaine, empêche à mon coeur de palpiter ailleurs que dans ce qui me fait profondément vibrer. C'est l'âme de l'artiste qui m'habite au moment où je vous écris. Un artiste n'est pas satisfait, car un artiste est en vagabondage perpétuel. Si jamais il ne voyage pas dans le monde réel, son esprit le porte lui vers des paysages fantasmagoriques, à l'image des ingénieuses chimères qu'il peut concevoir lors de ses virées nocturnes dans les terres de l'enfantement. Car un artiste est père-mère, il enfante perpétuellement. Il faut de l'audace et un peu de génie, pour sortir de soi ses émotions, ses craintes, ses pensées et ses rêves. C'est un véritable accouchement qui se répète inlassablement au fil du temps. Un accouchement dans le noir. C'est le sens même de l'intimité.
L'écriture est donc dans ma vie, et ma vie est dans l'écriture. Depuis toujours, je me rapproche de mes maux par mes mots. Mais j'ai beau aimé manier les mots pour exprimer mes secrets, je perçois toujours une petite part de ce que je suis que l'on ne peut verbaliser. Cette part ne se conforme à aucun qualificatif précis ou quelconque. Et ce que j'aime tant dans l'écriture, c'est qu'en alignant ces mots j'ai la très nette impression de graviter autour de cette petite part de moi, insaisissable, indéfinissable. Elle est sûrement mon feu intérieur... Et mes mots sont comme de la fumée. Le feu génère la fumée, mais la fumée ne peut pas vraiment toucher le feu. En revanche, seule la fumée peut approcher le feu d'aussi près. Si vous entourez de vos bras le feu comme le fait la fumée, vous vous brûlerez à coup sûr. Il faut une matière vaporeuse et aérienne pour aborder le feu qui brûle en nous, car ce qui est solide ou substantiel se dissout à son contact.

Je remarque ainsi le poids des mots et des maux dans ma vie. Les mots et les maux sont à la fois uniques et multiples... Leur sens est à chercher dans tout ce qui anime notre essence, qui devient alors la leur. C'est pour cela qu'ils peuvent être détestables ou désirés. Ils ont ce drôle de pouvoir, ils sont à la fois célestes et terrestres. Un moule à idées, un moule à sentiments, un miroir. Mes maux trouvent sans cesse remède dans mes mots...
Des mots sont inventés chaque année. Tant de langues ont été inventées, tant de langues nous sont inconnues, et tant de langues sont mortes. Nous parlons d'une langue morte lorsque nous souhaitons désigner une langue qui n'est plus pratiquée. Nous disons cela car nous savons bien, quelque part, que les langues sont vivantes. Oui, je crois que ces langues pleines de mots vivent avec nous. Elles sont un des nombreux supports que nous a donné l'Univers pour nous réaliser et pour formuler qui nous sommes. Nous, les écrivains, nous nous expérimentons par l'intériorisation nécessaire à la recherche du mot juste qui dira tout ce que nous vivons. Pour trouver le mot juste, il faut ressentir. Pour ressentir, il faut aller au fond de soi. Là où le mental bavard n'entrave pas le flux de la création. Le mot nous apprend à écouter notre propre esprit intemporel, éternel, à l'écouter avec nos oreilles humaines, temporaires. Le mot est un voyage...

L'humanité a encore besoin des mots pour guérir de ses maux. Et moi j'ai besoin de l'humanité, et de tous mes mots, oui, de tous mes maux.
Je remercie pour ce cadeau. Je remercie pour la possibilité d'écrire.

Avec Amour,
Aurane.

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