12 janvier 2017

L'instant Présent

Virus, Bactéries, Germes, Microbiologie


C'était en 1995, à cette époque-là, nous ne savions pas si demain allait nous séparer, ou plutôt nous prenions conscience, malgré nous, que la vie avait une date limite de consommation… Je n'avais que 25 ans. Je découvrais que faire l'amour pouvait être mortel. Aimer pouvait tuer.

Ils m'ont appris à aimer la vie, ils m'ont appris à rire, ils m'ont appris à pleurer, ils m'ont appris à exprimer mes émotions et mes sentiments, ils m'ont appris à chanter, ils m'ont appris que la mort n'était pas réservée aux "vieux", ils m'ont tout simplement appris à AIMER.

Quand nous avions envie de faire quelque chose, nous le faisions, sans réfléchir, nous n'avions pas le temps de réfléchir. Quand nous avions envie de dire quelque chose, nous le disions, nous n'avions pas le temps de nous taire. Quand nous avions envie d'aimer, nous aimions, homme, femme, peu importe…nous n'avions pas le temps de choisir… Il fallait juste VIVRE sans se poser de question parce que certains d'entre nous étaient en sursis à cause de ce putain de virus…. Pour combien de temps ? Personne ne savait ! Alors nous vivions chaque jour comme si c'était le dernier.

Entre rires et larmes, entre la vie et la mort, une vie à 100 à l'heure nous propulsait les uns, les autres au plus profond de nous-mêmes, parfois dans la violence émotionnelle.

En retournant au fond de moi-même, 20 ans après, je m'aperçois que depuis, j'ai oublié tout ce qu'ils m'avaient appris… Mes amis, décédés pour la plupart, ont emporté avec eux, cette part de moi qui avait appris à aimer la vie, jusqu'au jour où quelqu'un que je porte tout particulièrement au fond de mon cœur, est venu me taper sur l'épaule : hé ho ! Je suis encore là ! Comme un électrochoc, je réalise alors que le sursis peut durer 20 ans, 30 ans peut-être plus, et à quoi cela sert-il de vivre si ce n'est pas pour être heureuse ?

Continuer à AIMER sans avoir peur de perdre, continuer à PARLER sans avoir peur de blesser, continuer à FAIRE sans réfléchir pendant 15 ans, continuer à ÊTRE sans avoir peur de déplaire, parce que le sursis peut durer 30 ans, mais il peut aussi se terminer maintenant… et qu'aurez-vous fait de votre VIE ?

Merci à tous ceux que j'ai eu l'occasion de rencontrer à l'association AIDES de Rouen et qui m'ont donnée LA leçon de la VIE… Courage à ma Lolo, mon amie depuis 20 ans, une survivante qui continue de se battre 30 ans après avoir été contaminée.

N'oubliez pas de vivre.... et prenez soin de vous.

Maryline

 

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