Etre
commercial c'est l'un des traits nécessaires de tout auteur qui veut
donner leur chance à ses textes. Être commercial, ce n'est pas penser à
l'argent, c'est être délibéré dans sa manière de parler
de son écriture, c'est faire en sorte que les gens lisent les textes,
c'est devenir l'entremetteur entre l'histoire et le lecteur.
Jeudi
dernier j'étais à la soirée des trois ans de Book n' series, le site de
mon amie Laure Lapègue, et j'ai pu voir les auteurs se débattre avec
cette nécessité de présenter leur travail aux lecteurs, avec le besoin
de pitcher, en public, leurs livres, en parler, les faire
exister.
Et
c'est difficile. Tous prennent le micro avec les mains moites et la
voix tremblante, le regard perdu dans le vide ou fixé sur la couverture
de leur livre ou en train de balayer la salle en boucle.
En écoutant, je me disais: il faut entraîner les auteurs à cet exercice.
Et
surtout il faut déculpabiliser ce qui passe souvent comme un passage
obligé et désagréable, que ce soit en public comme jeudi ou sur un blog,
ou sur une page de réseau social.
Jeudi
soir j'étais là aussi pour rencontrer des auteurs et présenter mon
travail de coach. A l'aise, décontracté, ouvert, tranquille. Être
commercial ce n'est
pas se changer en caricature de vendeur d'assurances, pas plus que cela
ne demande de trahir son art. C'est même l'inverse.
Derrière
ces craintes se cache une grande vulnérabilité, celle de se confronter
au regard de l'autre, de faire un pas sur le devant de la scène et de
dire: "Regardez, j'ai fait ça", avec tout ce que cela implique
d'outrecuidance (perçue), de courage (réel) et de spontanéité
stratégique (paradoxale).
Cette fondation est la sixième des sept fondations de l'écriture
A
l'opposé des croyances habituelles, être commercial c'est mettre de
côté votre ego pour mieux servir votre oeuvre, pour permettre à votre
livre de trouver ses lecteurs.
Être
commercial c'est offrir à vos livres l'opportunité de vivre dans
l'imaginaire de quelqu'un d'autre, c'est transmettre votre vérité
émotionnelle, vos idées, votre version de la réalité à une autre
personne.
Quand vous imaginez votre histoire amuser, émouvoir, effrayer, détendre…
quelqu'un, quand vous repensez à toutes les émotions que vous avez
vécues en l'écrivant qui font à présent partie de la réalité de votre
lecteur, que se passe-t-il ?
Oubliez
vos doutes et vos craintes, toute la partie où vous vous dites "je ne
suis pas assez bon, mon histoire n'intéresse personne", et tout le
reste. Passez directement
à la phase suivante. Que se passe-t-il quand ce livre dans lequel vous
avez mis votre coeur et vos tripes touche en plein coeur un autre être
humain ?
N'est-ce pas là le but de l'écriture ?
Un livre qui reste dans votre tiroir est un livre mort. Alors pourquoi une telle réticence à partager le vôtre
?
Sûrement
en partie parce que vous pensez que ça peut ne pas marcher. Et c'est
vrai. La grande majorité des gens resteront indifférents à ce que vous
écrirez. C'est d'ailleurs très bien, parce que vous n'écrivez pas pour
la grande majorité des gens.
Vous
écrivez pour vos lecteurs (même si vous n'en avez pas encore, même si
vous ne savez pas encore qui ils sont), une petite
poignée de personnes triées sur le volet, que vos récits sont à même de
toucher au point, pour certains, de transformer leur vie.
Être
commercial c'est indispensable pour un auteur. C'est le seul moyen dont
vous disposez pour identifier vos lecteurs afin de leur dire que vous
écrivez pour eux.
Être
commercial, c'est
avoir un blog et y développer votre identité d'auteur constamment, même
quand vous n'avez pas d'actualité, même quand vous n'êtes pas sûr de qui
vous êtes.
C'est
être sur les réseaux sociaux, en tant qu'auteur, pour diriger les
lecteurs vers votre blog, interagir avec eux, permettre à votre activité
d'exister.
Être
commercial c'est refuser de sacrifier votre
écriture aux sirènes de la satisfaction de masse et leur préférer le
prix de l'authenticité: moins de lecteurs peut-être mais des lecteurs
plus fidèles, plus heureux de vous lire, qui attendent de vous que vous
écriviez à partir de ce que vous êtes.
C'est
être capable, comme Lily, de dire: "Je ne pense pas que ça vous plaira"
à une acheteuse potentielle de votre livre parce que clairement, ce
n'est pas à
elle que vous vous adressez.
La
plupart d'entre nous apprenons à exister dans l'ombre, à attendre la
permission avant d'élever la voix, sans faire trop de vagues. Et souvent
nous écrivons comme l'on s'exprime dans le silence, en restant discret.
Et puis quoi ? Il faudrait que vous entriez dans la lumière ? Que vous
disiez: "Hey! J'ai écrit ça" ? Que vous ajoutiez: "Lisez-le, je l'ai
écrit pour vous"
?
Aaaaaaaaïïïïïïïïïïeeeee !
Je
vous vois devant l'assemblée, tremblant, le regard fuyant, en train de
forcer les mots hors de votre gorge pour expliquer timidement de quoi
parle ce livre (depuis quand est-il aussi lourd ?) que vous tenez à deux
mains.
C'est
douloureux d'être là. Vous vouliez seulement écrire et maintenant il
faut vous vendre. Mais ce n'est pas vous vendre le problème, c'est vous
montrer. Parce que
vous montrer c'est risquer le rejet.
Être
commercial, cela s'apprend. Savoir pitcher, savoir regarder les gens
dans les yeux, savoir entendre l'indifférence ou le non, ou le oui!
(parfois plus difficile) quand vous proposez aux gens de livre votre
livre.
Paradoxalement, être commercial, cela commence par apprendre à
distinguer vos lecteurs du reste du monde et à apprendre à dire "pas pour vous" à tous ceux pour qui ça n'est pas, justement.
Et
de le faire en douceur, par le contenu et la forme des discours que
vous diffusez sur votre plateforme et dans vos livres, en toute
congruence.
Pour
tout ça je vous donne une méthode
claire, pragmatique, dans le sixième module de ma formation sur les sept
fondations de l'écriture. Cette formation n'est pas pour vous si vous
n'êtes pas curieux de découvrir jusqu'où vos livres pourraient vous
emporter, vous et vos (futurs) lecteurs.
Anaël "exclure pour mieux inclure" Verdier