31 août 2017

La retraite du Saint-Bernard

L'Homme, Humain, Personne, Mer, Ocean

26 juillet 2002

Je suis en vacances dans le sud chez mon oncle Patrice qui a quitté la région parisienne pour s’installer près de Bordeaux. Ma sœur m’a envoyé un message hier pour m’annoncer que mon père était décédé. Ma mère a reçu une lettre d’un notaire de Bretagne qui nous recherchait et souhaitait avoir nos coordonnées. C’est mon beau-père qui a ouvert le courrier, ma mère n’est pas encore au courant. Mon père est décédé le 24 juin, cela fait un mois... Cette nouvelle ne me fait ni chaud ni froid, juste une sensation qu’une partie de mon histoire s’est envolée avec lui et que je ne saurais jamais de vive voix ce que nous avons vécu ensemble, ni par mon père ni par ma mère. Je devenais orpheline de mes deux parents.

C’est la fin de la semaine de vacances, j’ai pu me changer un peu les idées et me rapprocher de ma famille. Malgré tout, la Bretagne me manque. J’ai besoin de la mer et de la randonnée pour me ressourcer puis ce sont les premières vacances sans Léa. Je voulais profiter de cette semaine pour faire le point sur notre relation, mais elle m’envoyait des messages tous les matins et je ne pouvais pas m’empêcher d’y répondre. Parfois elle m’appelait quand elle ne s’entendait plus avec son compagnon ou pour me dire qu’elle était impatiente que je rentre.


11 septembre 2002

Aujourd’hui, partout dans le monde nous rendons hommage aux victimes des attentats de New York survenus l’année dernière.

En France, des inondations meurtrières ont eu lieu cette semaine dans le Gard. Les pauvres gens ont tout perdu, leur maison a été littéralement noyée, certains sont morts, d’autres sont disparus.

Depuis trois semaines, Léa a de nouveau coupé les ponts avec son entourage amical. Elle avait un choix à faire entre son compagnon et ses amis... Elle a préféré mettre sa vie entre les mains d’un homme manipulateur. C’est une forme de suicide comme une autre. Elle est allée jusqu’à changer son numéro de téléphone, je ne peux plus la joindre, ni sur le fixe ni sur le portable.

J’ai d’abord été envahie par la colère lorsque je suis tombée sur un message m’indiquant que le numéro que je demandais n’était pas attribué, car elle a changé ses numéros du jour au lendemain sans prévenir personne de ses intentions, puis l’inquiétude a remplacé la colère. Léa avait des idées suicidaires et avait refusé notre aide. Elle avait déposé un mot dans ma boîte aux lettres pour m’expliquer les raisons de son choix. Elle aimait son compagnon et ne pouvait pas vivre sans lui. En réalité, elle était incapable de vivre seule, de ce fait, elle était capable de subir n’importe quelle pression. Il est impossible de rendre les gens heureux contre leur gré, certains décident qu’ils n’ont pas le droit au bonheur, ils entretiennent leur souffrance au travers des personnes qui ne les aiment pas.

Je lui ai écrit une lettre pour lui faire part de ce que je ressentais face à une telle décision que je trouvais particulièrement injuste après sept ans d’amitié amoureuse. Elle pouvait très bien refaire sa vie sans pour autant rompre notre amitié puisque nous nous entendions bien sur ce plan-là. J’ai soulagé ma colère puis j’ai adhéré dans son sens, car l’inverse était inutile. Je profitais de cette décision pour me recentrer sur moi et m’occuper de ma vie. Je n’avais plus la force de me battre pour sauver quelque chose qu’elle n’avait pas envie de garder. Pendant sept ans, je me suis mise entre parenthèses pour elle, de mon plein gré bien sûr, et consciemment, mais je me suis oubliée sur le bord du chemin de la vie. J’ai laissé sur le bord de la route, des heures de retrouvailles avec ma famille, des étagères de livres à lire, un potentiel professionnel à développer et surtout, des heures et des heures d’écriture qui m’ont tellement manqué...

Maintenant, je vais m’occuper de moi. Je vais reprendre l’écriture, la lecture, le sport, la philatélie et m’occuper de mon orientation professionnelle. J’aimerais travailler dans l’univers du livre. J’aimerais relier ma passion à ma profession. Je vais construire ma vie, à 32 ans, il n’est pas encore trop tard ! Je vais consacrer du temps à ma vie personnelle, c’est l’occasion ou jamais puisque je me retrouve seule face à moi-même. J’ai fait le point et je sais qu’à partir du moment où je me serai réalisée sur tous les plans, je pourrai aussi reconstruire ma vie sentimentale avec une personne qui correspondra à ce que je cherche, à ce que je suis. Je ne veux plus "jouer les Saint-Bernard" comme disait mon beau-père à une époque... tiens c’est marrant, mon grand-père s’appelait Bernard, et il était toujours prêt à aider les autres... serait-ce son héritage que je porte en moi ? Bernard signifie "ours" et "courageux", cela résume tout à fait la perception que j’avais de mon grand-père. Nous ne portons pas un prénom par hasard... C’est une belle qualité à condition de ne pas s’oublier, de ne pas éponger les histoires et les émotions des autres, chose que j’ai bien du mal à apprendre... à garder du recul et du détachement. C’est difficile de voir souffrir les gens qu’on aime, d’être spectateur des souffrances qu’ils s’infligent eux-mêmes. Je ne supporte pas mon impuissance devant la douleur des autres, c’est comme si je souffrais avec eux.

Ma sœur est allée passer des vacances en Bretagne et elle m’a ramené un dictionnaire des auteurs bretons. Vivre en Bretagne est un rêve alors en attendant de le vivre, je construis la Bretagne chez moi, par la décoration de mon appartement, par mes lectures, par les photos, les posters, les vidéos, les magazines, les objets, les vêtements, la musique, etc. Je m’imprègne de l’énergie bretonne.
Maryline 

 

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