
09 avril 2003
Samedi dernier avec mon amie Karine, nous sommes allées faire un tour au bord de la mer à Dieppe. Après avoir manger une moule-frite dans un petit restaurant, nous avons fait le tour du marché qui dure toute l’après-midi, profitant d’un temps magnifique. Le vent était très frais encore en ce début de printemps, ma saison préférée quand la nature s’éveille.
Assises face à la mer, nous admirions l’immensité de l’océan, la plage était déserte. Les vagues venaient frapper les galets qui roulaient quand elles se retiraient. Le rythme des marées m’a toujours fascinée. Dès l’âge de deux mois, j’ai rencontré la mer tous les étés, le seul endroit qui me ressource vraiment. La mer était un souffle de douceur dans le monde où je vivais et où je vis toujours. La vie est d’une telle violence que seule la nature me sécurise. Les plages sont des lieux de refuge quand la pression tape trop fort, quand j’ai besoin d’évasion, quand j’ai besoin d’air, quand j’ai besoin de me retrouver seule face à moi-même.
Karine était inquiète, car elle n’avait pas de nouvelle de son ami depuis quelque temps. C’est un artiste et elle a du mal à comprendre que les artistes aient besoin de longs moments de solitude pour créer. Il travaille la gravure et ne vit que de ses créations, il ne peut pas faire l’impasse sur son inspiration. Elle cherchait à mieux le comprendre, elle me posait des questions pour avoir mon point de vue. Je ne suis pas artiste, mais je peux facilement me mettre dans leur peau lorsque je suis en période d’écriture. La solitude est essentielle pour moi. La création découle d’un rendez-vous avec soi, un rendez-vous intime que l’on ne peut pas partager. L’inspiration vient nous chercher à n’importe quel moment, on doit se rendre disponible pour lui permettre de nous toucher. Elle surgit de nulle part, à n’importe quel moment, sans prévenir. Il faut savoir exploiter ces moments, car ils ne se représentent jamais deux fois. Concernant l’écriture, j’écris bien plus souvent dans ma tête que sur le papier parce que je n’ai pas toujours le stylo et la feuille sous la main pour noter ce qui me vient subitement comme une étincelle qui s’allume dans mon esprit. J’écris un roman qui restera à jamais enfermé dans mon cerveau. Les pensées ne reviennent jamais plus tard, pas celles-ci !
Karine se demandait s’il était possible de concilier vie de couple et vie d’artiste. Cela me semble difficile, mais certains y arrivent. Quand je suis en couple, je m’oublie donc la création, je n’en parle même pas. Je n’ai jamais réussi à concilier les deux et depuis que je suis seule, j’ai repris l’écriture. J’ai besoin d’écrire pour évacuer ma souffrance, je ne suis pas à 100% de ce que je voudrais donner, je ne prends pas encore assez de temps. C’est l’écriture qui me reconstruit, c’est par l’écriture que j’arrive à avancer dans ma vie.
10 mai 2003
Quand je dis que je ne prends pas assez de temps pour écrire, la preuve en est, il s’est passé un mois depuis la dernière fois que j’ai ouvert ces pages. La vie va trop vite ! Une petite mise au point s’impose donc.
Pendant les vacances de Pâques, j’ai passé une semaine chez mes parents avec mon petit frère qui a préféré rester avec moi plutôt que de partir avec eux.
J’ai fait la connaissance de Sophie, une collègue de travail de ma sœur que j’avais déjà vue en novembre l’année dernière lors d’une soirée raclette chez ma sœur.
J’ai acheté une voiture puisque mon crédit pour les meubles s’est terminé, une 205 Peugeot !
Léa a de nouveau tenté de se suicider, elle a passé une semaine à l’hôpital, une semaine chez son frère et une semaine chez sa nièce.
Angéla m’a profondément déçue en reportant sur moi ce qu’elle vivait avec David. Elle faisait un genre de transfert et il m’était impossible d’apaiser notre relation. J’ai dû prendre de la distance pour ne plus subir ses émotions débordantes de colère et de tristesse. Je pense qu’elle a été déboussolée à un moment donné dans notre relation, tout comme je l’ai été moi-même. Nous ne maîtrisions pas tout ce qui se passait entre nous, c’était devenu ingérable. Notre relation tournait à la destruction. Elle remplissait un manque affectif évident chez moi, mais je ne comprenais pas ce qu’elle cherchait dans notre relation. Elle semblait tellement heureuse dans son couple, pourquoi était-elle tant en souffrance affectivement ? Pourquoi n’arrivait-elle pas à avoir de recul dans ses relations amicales ? Quelque chose m’échappe toujours... Peut-être qu’un jour je comprendrais le sens de notre histoire...
Sophie m’a aidée à prendre du large par rapport à Angéla. Nous nous étions rencontrées en novembre dernier. J’avais entendu parler d’elle par ma sœur, car elle devait venir habiter dans notre quartier, l’immeuble juste derrière le mien. Les hasards de la vie ne sont jamais des hasards... Ma sœur l’avait invitée pour une soirée raclette, nous avions d’ailleurs passé une très bonne soirée et Karine était là aussi. Innocemment après cette soirée, Karine qui dormait chez moi comme d’habitude, me demanda :
— Qu’est ce que tu penses de Sophie ?
— Elle est très sympa, mais je ne la connais pas plus que ça, pas plus que toi.
— C’est tout ?
— Ben oui, que veux-tu que je te dise ? Elle a de super beaux yeux, dis-je en plaisantant.
— Ah oui ? Quelle couleur ?
— Je ne sais pas si c’est bleu clair ou vert, je n’ai pas poussé le bouchon à la scruter !
— Ah ouais.... dit-elle avec un sourire en coin.
— C’est bon ! Arrête ton imagination, elle est hétéro et elle va partir rejoindre son ami à Annecy .... Pas la peine de te faire des films !
— On ne sait jamais, répondit-elle pensive.
— C’est tout vu ! Je veux rester seule, je ne suis pas prête à construire quelque chose avec quelqu’un, même pas en rêve.... j’ai besoin de me reconstruire moi déjà !
— Oui, c’est sûr, mais cela n’empêche pas de faire connaissance... continua-t-elle.
— C’est fait...
— Hum...
Nous discutions dans le vide bien sûr, Karine aimait bien faire des plans sur la comète, mais en même temps, je connaissais ses capacités de visionnaire. Cette conversation m’a troublée et en même temps, cela me semblait tellement surréaliste qu’il puisse y avoir une histoire entre Sophie et moi. Je ne me doutais pas que j’aurais l’occasion de revoir Sophie six mois plus tard, qu’elle ne serait pas partie à Annecy et que son ami l’aurait laissée tomber...
Maryline
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