
27 octobre 2003
L’écriture m’est aussi nécessaire que l’oxygène pour vivre. Je peux rester quelques jours en apnée, mais pas trop longtemps. Je m’exprime assez peu verbalement, il m’est indispensable d’évacuer ce que je ressens par écrit si je ne veux pas devenir dingue.
J’ai été habituée à me taire depuis mon enfance, à vivre dans le silence et à travers celui des autres, à cacher ce qui n’allait pas, surtout ce qui n’allait pas... Ma mère m’a transmis ce silence. Un silence contre lequel je me suis révoltée à l’adolescence pour connaître mon histoire. Mon père, cet homme violent et alcoolique, était protégé dans le sens où personne n’était au courant de ce qui se passait à la maison, personne n’avait connaissance de cette violence. Ma mère s’est mariée contre le gré de ses parents qui connaissaient mon père depuis son adolescence et savaient qu’il n’était pas un enfant de chœur. Mais ils ne savaient pas tout... sinon il aurait passé un sale quart d’heure. Ma mère a divorcé alors que j’avais cinq ans. Le mal avait eu le temps de se propager en cinq ans. J’ai eu l’amère sensation qu’il avait été protégé pendant tout ce temps et que j’avais été sacrifiée. Cependant, au bout de cinq ans, je remercie ma mère d’avoir quitté cet homme, d’avoir mis fin à ce sacrifice malgré tout. Mieux vaut tard que jamais ne dit-on pas ? C’est sans doute le mieux qu’elle ait pu faire.
Quand j’étais enfant, la vie me paraissait difficile, extrêmement dure. Ma vision n’a pas changé. Je vivais dans ma bulle, les contes de fées n’existaient pas, l’imaginaire non plus, j'étais trop encombrée par le stress permanent.
L’écriture est devenue mon refuge, mon issue de secours en cas de crise, elle m’a toujours accompagnée depuis mon adolescence, elle sait tous mes secrets. C’est ma meilleure amie. Je suis admirative des gens qui arrivent à écrire tous les jours, qui savent mettre les mots justes pour exprimer ce qu’ils ressentent réellement. Je n’arrive pas toujours à trouver les bons mots. Peut-on vraiment retranscrire sur le papier ce qui se vit à l’intérieur de nous ? Je ne pense pas. Quelque soit la façon dont nous écrivons, le lecteur fera une interprétation selon ses propres codes, pas selon ceux de l’auteur. Il ne restera que l’écho de la pensée initiale.
Je suis attirée par tout ce qui touche à l’écriture, les méthodes, les règles à respecter pour éditer un manuscrit. Je suis loin de cet aboutissement, ce qui m’importe c’est simplement de pouvoir m’exprimer. Mes écrits restent de simples brouillons de vie, peut-être qu’un jour j’aurais envie de les reprendre et de les réécrire dans les règles de l’art. Je sais qu’il faut maintes et maintes relectures et corrections avant de sortir quelque chose de publiable. Mais l’envie est là, plus que jamais, et quand l’envie devient nécessitée, les questions ne se posent plus quant à savoir s’il est obligatoire d’avoir un BAC littéraire pour s’autoriser à écrire. L’écriture est un moyen d’expression pour les gens qui ne parlent pas. On ne demande pas aux gens qui sont à l’aise avec la parole de s’exprimer en langue de Molière ! Pourquoi serait-ce une règle établie pour écrire ? Les temps ont changé, le vocabulaire et notre façon de parler aussi. Pour le moment, je me surprends à rêver que je suis dans une petite maison bretonne, face à la mer et que j’exerce le métier d’écrire à longueur de temps. Un rêve qui me permet de m’évader du quotidien, qui m’aide à mettre un peu de soleil dans ma vie, un peu de légèreté alors que je suis en train d’exercer cette activité dans une chambre en plein milieu du centre-ville de Rouen. Un tout autre décor d’inspiration qui m’amène sur la voie de mon rêve. Tout ne peut être parfait tout de suite, le rêve se construit au jour le jour.
Ma priorité est de m’exprimer simplement, pour sortir de moi les fardeaux de ma vie.
Maryline
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