28 novembre 2017

Technique d'Ancrage

Comment être véritablement ancré ? Comment être présent à ce que l'on fait, à ce qui nous entoure ? Cette vidéo présente le protocole d'ancrage que nous pratiquons depuis des années, au quotidien et dans notre activité de géobiologue. 
La première partie présente quel est l’intérêt de l'ancrage et la deuxième partie, comment le réaliser et toute le bénéfice que vous pouvez en tirer. 
Nous réalisons des harmonisations de lieu et des stages de ressenti, communiquer avec les esprits de la nature et des formations à la géobiologie. 

Renseignements sur le site: http://www.energie-et-geobiologie.fr  


11 novembre 2017

Le soleil dans la tête


La Musique, Portées, Clef

19 Novembre 2006

Les mois ont passé, Sophie a définitivement quitté la région, l’appartement et ma vie depuis avril dernier. J’ai gardé l’appartement et j’ai invité ma sœur à cohabiter avec moi puisqu’elle cherchait à déménager de son quartier, c’était l’occasion de se retrouver et de se soutenir mutuellement face au tsunami familial. La décision a été rapidement prise, je n’avais pas le choix, soit je rendais l’appartement pour en trouver un plus petit, soit ma sœur devenait ma colocataire. Je n’aurais pu vivre avec personne d’autre. Nos horaires respectifs en décalé, même le week-end, nous permettait à chacune d’avoir nos temps d’intimité nécessaires pour l’une comme pour l’autre.

Depuis avril, tout se passe bien, le calme est revenu, la paix commence à prendre place en moi, je me sens libérée. Je suis allée au bout de mon histoire avec Sophie, il est maintenant clair et net que chacune poursuivra sa route et nous ne reviendrons plus en arrière. La cohabitation pendant six mois a été douloureuse, le départ aussi, il m’a fallu du temps pour me retrouver, je n’arrivais même plus à écrire. Elle a profité d’une journée où je travaillais pour déménager les meubles avec son compagnon. Je n’avais quasiment rien à moi puisque j’avais revendu pas mal de choses pour emménager, nous avions tout en double ! J’avais juste gardé la chambre puisque nous en avions deux. Lorsque je suis rentrée le soir, très tard, j’ai trouvé un appartement au trois quarts vides, elle avait laissé son canapé au milieu de la pièce de vie, sans doute par manque de place dans le camion ou chez son compagnon, que sais-je ? Ce n’était pas une surprise, je savais qu’elle déménageait ce jour-là, mais au fond de moi, j’ai senti mon corps se resserrer quand j’ai ouvert la porte d’entrée. Même si la douleur est passée, ce sont des moments inoubliables pour le cœur.

Les jours qui ont suivi, j’ai fait quelques travaux de peinture pour préparer l’arrivée de ma sœur. Elle s’est installée environ une semaine après, l’appartement a repris vie et moi aussi ! Nous avons acheté un ordinateur, et nous avons pris un abonnement internet. Ma sœur était en formation pour devenir infirmière et moi je reprenais les études en psychologie par correspondance, l’ambiance était studieuse. J’avais un mini mémoire à rédiger sur le thème de l’Alzheimer. L’ordinateur n’est pas juste un outil de travail, j’ai découvert les blogs et j’en ai ouvert un sur une plateforme gay depuis seulement quelques jours. J’ai rédigé quelques articles sur mon quotidien, une façon de reprendre l’écriture, plus dans mon carnet ou sur Word, mais pour partager et communiquer avec d’autres personnes. L’ambiance est assez conviviale sur ce site, c’est plaisant de s’y retrouver.

Je devais commencer à rédiger mon mini-mémoire aujourd'hui... et qu'est-ce que j'ai fait ? Rien ! J'avais envie de voyager alors je suis allée sur les sites de photos de Bretagne et j'ai téléchargé... voilà ! C'est mon petit paradis à moi et beaucoup de choses me rattachent à lui. J'ai toujours été convaincu que ma vie se poursuivrait un jour là-bas, j'ai toujours eu en moi ce sentiment que le bonheur se trouverait là-bas, je ne sais pas pourquoi, c'est comme ça depuis le premier jour où j'ai posé mes pieds sur cette terre exceptionnelle... même si je sais que je ne peux pas partir maintenant, je sais que je finirai par partir. Peut-être pour un nouveau départ, mais pas n'importe lequel. Il sera mûrement réfléchi celui-là, il ne sera pas impulsif, ça c'est sûr et certain !

J'écoute Natasha Saint-Pier : un ange frappe à ma porte... et si c'était vrai ? Natasha St Pier a suivi les histoires de ma vie. Avec "On se raccroche", c'est à ma petite collègue roumaine que je pense, Angela... Quelle histoire! Quelle ouragan dans mon cœur... Chère Angéla, tu m'aurais fait faire n'importe quoi et tu le savais, on s'est battue ensemble pour que tu puisses rester en France, on a passé des heures à discuter, on dépassait les bornes au boulot, je venais te voir quand tu bossais pour te remonter le moral, tu venais me chercher à la sortie du boulot, on s'envoyait des tonnes de textos, on n'arrivait plus à gérer les relations purement professionnelles, notre amitié-amoureuse prenait le pas sur tout... 

Je ne t'ai jamais dit ce que je ressentais pour toi, tu étais mariée, mais tu me faisais craquer. Je sentais que tu te perdais par moment, tes yeux plongés dans les miens, ta main qui prenait la mienne, tu t'amusais à passer ta main dans mes cheveux, on aurait dit que tu en faisais exprès, pour savoir si j'allais craquer peut-être... Tu me laissais des petits mots dans mon casier au boulot, quand je reprenais le quart après toi le matin, je savais que la veille au soir tu m'aurais laissé un message pour m'aider à commencer la journée de boulot en douceur... ma chère Angéla, je ne regardais jamais tes messages au boulot, je les lisais chez moi... tu finissais toujours par me dire que tu m'aimais... comment voulais-tu que j'entende ça ? Dis-moi ? En Roumanie, on exprime tous ses sentiments, c'est ce que tu disais... Nous étions sur un terrain glissant, trop glissant. Je me souviens, c'est toi qui m'a fait découvrir Natasha, à fond dans ta voiture, tu mettais cette chanson en boucle : on se raccroche.
Ce jour là, j'étais perturbée, tu l'avais vu, tu conduisais sur l'autoroute, et tu m'as dit :

- Mary à quoi tu penses?
- A rien...
- Si je vois bien que tu es ailleurs.. dis-moi ?
- Non, Angéla... non.

Tu as posé ta main sur la mienne et tu m'as dit :

- Je suis heureuse de t'avoir rencontré, Mary, tu es mon rayon de soleil, et je ne veux pas retourner en Roumanie, je ne veux pas qu'on soit séparée...
- Humm... c'est à ça que je pensais...
- Je sais...

Ta main a serré la mienne, je ne savais quoi penser de ce qui se passait là, mais jamais je n'aurai tenté quoi que ce soit entre nous. J'avais le sentiment de marcher sur un fil et que le moindre faux pas allait tout foutre en l'air.
Ce soir là, nous sommes allées à la mer en pleine nuit, avec ton mari et notre directrice de restaurant Vanessa, qui se battait aussi pour que tu puisses rester en France. Nous sortions souvent, nous faisions des soirées chez toi, on n'arrêtait pas. Et arrivé sur la plage tu m'as scotchée. Ton mari et Vanessa sont restés en haut de la plage car il faisait froid, ils ne voulaient pas s'approcher de l'eau. Tu m'as attrapé par la main et tu m'a entrainé en courant vers la mer :

- Viens Mary, viens avec moi, on les laisse là, on va écouter les vagues... disais-tu avec ton accent roumain.

On s'est assise devant la mer, tu ne lâchais pas ma main, et tu continuais à me dire que tu te sentais bien avec moi. Ton mari était là Angéla, je ne te suivais pas, j'étais paumée. Ils sont venus nous chercher pour qu'on reparte, il faisait froid, on ne s'en rendait même pas compte.

Et puis, tu es tombée enceinte et, ce fut le début de la fin... Tu t'es fait arrêter très tôt, tu ne vivais pas bien ta grossesse, tu étais mal, déprimée, tu t'en prenais à moi, tu disais qu'on ne se comprenait plus, je crois que tu t'es perdue dans tes sentiments. Tu as pris un congé maternité, ton père est décédé en Roumanie, ta vie à basculée. Tu as prolongé ton congé et tu as fini par te faire licencier. Je ne t'ai jamais revu, je n'ai jamais vu ton enfant, même quand tu venais au resto pour tes papiers administratifs, je n'étais jamais là ce jour là... était-ce un hasard ? Je ne saurais jamais, mais en tout cas, c'était surement mieux comme ça, pour nous deux.
Voilà comment Natasha m'emmène, dans les souvenirs du passé...
Maryline

7 novembre 2017

La vie se pointe toujours en plein milieu des projets - Anaël Verdier

Café, Stylo, Ordinateur Portable

Il y a le désir d'écrire et puis il y a la vie, toujours là, avec ses imprévus et ses épreuves et rien ne se passe jamais selon le plan.
La première chose à apprendre si vous voulez écrire, c'est d'écrire quand même.
Écrire même sans inspiration (surtout sans inspiration). Écrire même si vous n’êtes pas disponible pour l’écriture. Écrire avec la fatigue, avec le chaud, avec le froid. Ecrire avec la tristesse, la colère, la peur, la joie, pas comme moteurs, pas comme matière, mais comme compagnes un peu encombrantes.
Ecrire, comme moi maintenant, en ayant mal à la tête, trop chaud, trop vide d’avoir mis mon âme à plat en moins de 48 heures, sans idée de ma destination.

Ecrire quand même.
Coïncidence des calendriers, alors que j’ai publié les premières lignes de CDD sur le Facebook de l’atelier dimanche matin, aujourd’hui c’est Seth Godin qui publie le billet #7000 de son blog. Un par jour. “Le secret, dit-il, le secret pour écrire tous les jours, c’est que j’écris tous les jours, je mets les billets les uns à la suite des autres, et je recommence. C’est le seul raccourci.”
Je vois mes clients qui ont une idée et qui pensent que ce n’est qu’un entraînement avant de trouver “la bonne”. Je les vois tourner autour de leurs histoires en attendant, je-ne-sais-quelle inspiration des muses.
 
“Ecris, leur dis-je.

– Mais écrire quoi ?
– Ça. La fille aux talons fuchsia, la petite cuiller, le type sans tête, Gaëtanne, Chloé, Seek, et tous les autres.
– Mais j’ai dit ça comme ça, protestent-ils.
– Et alors ?”

Vous n’avez pas besoin d’êtres prêts pour écrire. En fait vous ne pouvez pas être prêt. Vous n’aurez fait assez de recherches documentaires, structuré assez, détaillé assez vos personnages. Il faut plonger.
Tous les jours.
Le secret le moins bien gardé des auteurs qui réussissent à se démarquer de la masse des gens qui écrivent, c’est qu’ils sont à leur bureau six, huit, dix, douze heures par jour, tous les jours.
 
Dans Ecriture, King dit “je ne m’arrête que pour Noël et mon anniversaire”. Plus tard, dans un autre livre ou une interview, je ne sais plus, il ajoute “j’ai menti, je ne m’arrête ni pour Noël ni pour mon anniversaire”.

Ecrire quand même.

Beaucoup de personnes sont paralysées face à leurs idées. “Et si ça ne marchait pas ?” semble être la raison principale de cette paralysie. Leurs têtes tournent autour de cette possibilité sans discontinuer. Ça rebondit, ça boucle, ça vrille leur cerveau (alors que c’est le corps qui devrait écrire) et les mots ne sortent pas.
Ils veulent autre chose. Ils veulent la sécurité. La certitude que les mots s’enchaîneront “bien”, qu’ils seront beaux et fluides et porteurs de sens, qu’on les aimera à travers leurs histoires, qu’on les admirera aussi, un peu. Le pire qui pourrait arriver c’est que l’on découvre qu’ils ne savent pas ce qu’ils font, qu’ils n’ont aucun contrôle sur les mots qui sortent, que l’histoire s’écrit à travers eux et qu’en plus elle n’est pas si bien que ça.
“Tu as vu l’histoire qui m’a rendu visite ? Celle-là je l’aurais bien refilée au voisin”
 
Écrire quand même. 
Même si les mots qui sortent ne sont pas beaux. Même si l’histoire n’est pas la meilleure. Même si le sens manque de clarté.
Écrire est une activité lente, qui demande de l’endurance, en particulier celle nécessaire pour reprendre un texte qui ne marche pas.
Ah oui, parce que si ça ne marche pas, c’est bien. Au moins nous avons avancé. Plutôt que de rester bloqués dans le fantasme de nos histoires, celui où tout est magnifique et magique et parfait, nous entrons dans le monde de la réalité, celui où les histoires sont parfois ratées. Mais au moins une histoire ratée écrite, on peut la corriger. Alors qu’une histoire parfaitement on ne peut rien en faire.

Mais parfois la difficulté est ailleurs. Ce n’est pas la peur que ça ne marche pas, c’est la peur que ça ne marche que trop bien qui nous paralyse. Parce que si les mots s’enchaînent et que le sens émerge et que les personnages prennent vie dans ce récit que nous avons imaginé, c’est notre intime qui risque d’apparaître.

“Je n’ai pas envie que les gens sachent ce qu’il y a en moi”.

Le risque, quand l’écriture est juste, c’est qu’elle nous fasse jouer des coudes avec notre vulnérabilité, avec nos insécurités, avec nos fragilités, avec le souvenir que nous ne sommes qu’humain, que nous faisons des erreurs, que nous ignorons réellement comment fonctionne cette grande expérience cosmique qu’on appelle la vie, que nous avons peur et froid dans le plus profond de la nuit, qu’il nous arrive de nous sentir seuls même entourés, que nous sommes, au fond, en train de bricoler quelques émotions avec un peu d’encre et que ces émotions sont une porte béante sur la réalité de notre âme.

Alors le réflexe est souvent (c’est inconscient) de refermer le cahier, de faire le ménage, de grignoter, de partir faire un tour, d’envoyer un texto… pour échapper à la confrontation à nous-même, à nos blessures, à nos doutes, à nos incompréhensions.

Écrire. Quand. Même.
Un mot. Puis un autre. Regarder notre reflet dans le miroir du texte. Ajouter un mot. Puis un autre. Résister à nos mails, à Facebook, au livre que nous avons acheté hier justement parce qu’il nous parlait de notre humanité. Écrire encore. Et accéder à l’au-delà du miroir, à l’au-delà de la vulnérabilité, à l’au-delà de la honte d’avoir oser exprimer quelque chose d’aussi intime.

Écrire quand même pour dépasser le solipsisme et accéder à l’universel du singulier. Parce qu’écrire sur soi, quand ça marche, c’est écrire sur l’autre, celui qui nous lit.
Si vous choisissez d’écrire, autant le prendre au sérieux et voir jusqu’où cela peut vous emmener, non ?
Alors écrire quand même.
ANAËL VERDIER

PS: La vie est toujours là, elle ne s'arrête pas. Elle apporte son lot d'imprévus et nous rend indisponible aux mots, aux histoires, elle nous submerge d'émotions et nous écrase l'encre sous les pieds. C'est là que se construit l'écrivain, dans sa capacité à ramasser les miettes et à les barbouiller sur la page, en faire quelque chose. Quelque chose qui peut-être ne marchera pas. Quelque chose quand même.
N'attendez pas que la vie s'arrête pour écrire, ou vous n'écrirez jamais.
 

6 novembre 2017

Une cohabitation difficile


Ciel, Planet, Terre, Femme, Femelle


17 octobre 2005
 
J’ai passé une semaine avec la tête dans le sac. J’ai eu du mal à encaisser ce revirement de situation, et pourtant, je m’y attendais depuis le début. J’avais même demandé à Sophie si elle souhaitait attendre pour donner nos préavis, mais elle n’a pas voulu patienter plus longtemps. Résultat des courses, aurais-je mieux fait de m’abstenir et de tenir compte de mes intuitions ? Je ne sais pas... sans doute que tout cela arrive pour une bonne raison. Aujourd’hui, la communication entre nous est interrompue, je ne sais plus quoi lui dire. Nous avons discuté pendant deux jours, elle est prête à partir en Haute-Savoie, dès que son compagnon sera en phase de son côté. La situation est très claire, je l’ai perdue. Elle se donne un an de réflexion, je ne sais pas si nous allons pouvoir cohabiter tout ce temps. L’appartement se prêtait bien à la colocation, nous avons des horaires décalés qui nous permettent de nous croiser et de ne pas être en même temps à l’appartement, mais quand même, un an, c’est long quand le cœur n’y est plus.

14 novembre 2005
 
J’ai passé le week-end avec mon amie Karine pendant que Sophie était partie en Haute-Savoie. Elle est arrivée jeudi soir et j’ai invité Léa à dîner avec nous. Nous avons passé une bonne soirée, comme au bon vieux temps, à discuter, à rire de tous nos échecs sentimentaux, parce qu’il vaut en rire qu’en pleurer quand on les collectionne ! L’humour reste le remède de choc en cas de coup dur. Léa saute toujours sur l’occasion pour essayer de raviver une braise qui s’est éteinte. Malgré tout, je trouve qu’elle a beaucoup évolué, elle a muri dans sa tête, elle est plus lucide et arrive à trouver plus de paix intérieure.
Sophie a demandé sa mutation au niveau de son travail. Elle espère l’obtenir assez rapidement. L’ambiance entre nous devient très électrique. Je me sens brisée, c’est extrêmement difficile comme situation. Nous sommes descendues bien bas dans nos remarques, je ne supporte pas cette décadence. Je n’ai vraiment pas besoin de toutes ces futilités du quotidien, j’ai d’autres soucis à gérer que des chamailleries à deux balles ! Sophie ne sait pas prendre du recul, elle est impulsive dans ses réflexions blessantes. Son anxiété est palpable, elle me stress rien que par son état. Nous n’arrivons plus à parler, nous ne sommes plus du tout sur les mêmes longueurs d’onde.

21 février 2006
 
Je suis allée voir ma mère hier soir et Guillaume m’a annoncé qu’il allait acheter un fauteuil roulant. C’est ce que j’appréhendais depuis Noël. Ma mère ne tient plus sur ses jambes, l’aide à domicile ne peut plus la relever toute seule lorsqu’elle tombe. La dernière fois, elle a été obligée d’appeler un voisin pour qu’il vienne l’aider. C’est une nouvelle étape douloureuse à passer. Il est vraiment nécessaire que j’arrive à garder le maximum de recul par rapport à ce que je vis en ce moment. Ma mère me permet vraiment de relativiser tout le reste. Lorsqu’elle m’a vu arriver hier soir, elle a eu un sourire jusqu’aux oreilles. Je me demande si parfois, elle me reconnaît. L’essentiel est qu’elle soit heureuse de me voir, le reste n’a pas d’importance. Elle ne dit plus un mot correctement, son regard accroche parfois le mien avec une telle intensité que je ne peux détourner les yeux.
Le destin a fait que ma sœur et moi nous nous sommes rapprochées au bon moment. 
Maryline 
 
 

4 novembre 2017

Écouter ses intuitions aide à se préparer aux événements

 Conseil, Coeur, Jouer, Plus De, Amour


11 octobre 2005

Le temps s’écoule et je ne vois rien passer. Sophie s’est fait opérer le 18 juin, s’en est suivi un arrêt de travail de trois mois.
Début juillet, j’ai décidé de reprendre mes études de psychologie par correspondance pour préparer ma sortie de la restauration, j’en ai marre. J’ai fait les démarches nécessaires auprès du CNED et du FONGECIF, puis j’ai fait une demande d’équivalence pour valider ma première année de DEUG. Mon équivalence a été acceptée, j’attends mon inscription.
Avec Sophie, nous avons emménagé ensemble le 2 septembre. L’appartement que nous avions visité en juin était toujours libre, il nous attendait bien que mon ressenti lors de la visite n’était pas vraiment positif... une intuition que cet appartement servirait uniquement de colocation, rien d’autre. Il était effectivement spacieux et il y avait deux chambres. On devrait faire plus attention aux messages subtils que l’on reçoit. J’ai fait un rêve prémonitoire en décembre 2003.
Sophie est restée en bon terme avec son ex-compagnon. Il a décidé de venir fêter son anniversaire à Rouen le mois dernier pour retrouver ses amis. Sophie et moi étions invitées, sauf que je travaillais ce soir-là. Je n’ai pas passé une soirée très tranquille. j’étais invitée à les rejoindre après le travail, mais je n’y suis pas allée. J’ai laissé faire ce qui devait se passer... En rentrant du restaurant, j’avais une demi-heure de marche et là les choses me sont apparues clairement en marchant. Sophie et moi, c’était terminé, elle allait repartir en Haute-Savoie avec son ex. Je suis rentrée chez nous avec une profonde tristesse au fond du cœur, je savais, je sentais tout ce qui se tramait et que je ne voyais pas.

Après avoir pris une douche rapide, je suis allée m’allonger sous la couette et je me suis préparée au retour de Sophie. Elle est rentrée tôt le matin, elle s’est allongée quelques heures sans me réveiller, bien que je dormais à peine. Puis elle s’est levée pour prendre son petit déjeuner, je savais qu’elle ne resterait pas longtemps et qu’elle repartirait le rejoindre. La boule au ventre, je me suis levée pour mettre un terme à mes angoisses et faire en sorte que les choses soient claires et nettes. Sophie était assise dans la cuisine, devant sa tasse de café, l’air fatigué et triste à la fois. Je n’ai pas pu l’embrasser, son regard me fuyait, le malaise était palpable. 

— Alors ? Vous avez passé une bonne soirée ? demandai je pour rompre ce silence assourdissant.
— Oui... tu aurais pu nous rejoindre après ton travail... dit-elle presque comme un reproche.
— Vous rejoindre ? Pour quoi faire ? Ma place n’était pas là-bas... répondis-je froidement.
— Tu étais invitée... insistait-elle.
— Oui je l’étais... et ?
— Bah peut-être que ça aurait évité que je me retrouve toute la soirée avec lui... à parler, à danser...
— Ah bon ? Je ne pense pas non... C’est tout ? demandai-je.
— Au début, c’était un peu tendu, on ne s’était pas vu depuis notre séparation, puis après avec les amis l’ambiance s’est décontractée, on a beaucoup discuté, puis il m’a invité à danser, puis...
— C’est bon, j’ai compris ! Tu y retournes ce midi ?
— Oui, j’ai besoin de lui parler... j’ai besoin d’éclaircir les choses... je suis perturbée...
— Mais merde à la fin ! On est dans cet appartement depuis un mois seulement et c’est déjà terminé ? Mais qu’est-ce qu’on fout là ? Tu peux me dire ? Pourquoi on a pris cet apparte ? Pour aller enfin au bout de notre histoire, se dire qu’on n’a rien raté peut-être, c’est ça non ? criai-je en colère.
— Ce n’est pas la peine de t’énerver comme ça !
— Je le savais hier soir en rentrant, je le savais... tu ne m’apprends rien là... non ma place n’était pas là-bas, ma place n’est pas au milieu de vous deux ! Si tu as besoin de moi pour te mettre un garde-fou, c’est que tu ne m’aimes pas, c’est aussi simple que ça, alors qu’est ce que tu es venue faire avec moi ici ? Putain de merde !.... Qu’est ce que tu comptes faire maintenant ?
— Je ne sais pas justement ! C’est pour ça que j’ai besoin de le voir et de lui parler.
— OK... Quand tu sauras, tu me diras !

Il m’était impossible de rester une minute de plus dans cet appartement, je suis allée m’habiller et je suis sortie prendre l’air, marcher le long des quais de la Seine. Je ne savais plus quoi penser, j’avais mal à la tête. Je savais déjà qu’elle allait repartir avec lui...

Maryline 

2 novembre 2017

Que dit la mal a dit ?

Mer, L'Eau, Message Dans Une Bouteille


31 mai 2005

L’opération de Sophie est reportée au 17 juin, l’IRM a amené son lot de surprises ! Les médecins ont découvert que son utérus était cloisonné. D’un simple kyste au départ, nous en arrivons à la conclusion que l’opération allait s’étendre à l’ablation d’une partie des intestins et une partie du vagin...

Nous sommes parties trois jours au Mont-Saint-Michel pour essayer de décompresser un peu, le stress est au maximum. Sophie n’est pas forcément agréable avec ce qui l’attend, elle est extrêmement fatiguée et ne supporte plus la moindre remarque. Nous réagissons de la même façon face aux épreuves, nous avons du mal à les partager et nous préférons les gérer seules dans notre coin. Nous essayons de profiter des bons moments, mais il nous est impossible de laisser entrer nos soucis dans notre couple. Est-ce une bonne chose ? Je ne suis pas sûre, quand on est deux, c’est pour le meilleur et le pour le pire. La vie n’est pas faite que de rose, loin de là ! Les épreuves font partie de la vie, je crois avoir bien assimilé cela. En ce qui me concerne indirectement, les épreuves sont centrées sur la maladie. Elle a emporté le cœur de mon grand-père, les intestins de ma grand-mère, les poumons de ma tante, le cerveau de ma mère, et elle s’attaque à l’intimité de ma compagne... je ne parle pas de mes amis séropositifs où la maladie a carrément emporté l’amour. Que dois-je comprendre à travers mon entourage ? Le MAL A DIT.... Mais QUOI ? Nous sommes dans une époque où la médecine fait de plus en plus de progrès et en même temps, les maladies se développent de plus en plus alors que nous vivons dans des conditions sanitaires exceptionnelles. Quelque chose m’interpelle quand même ! Pourquoi autant de gens malades ? Ma famille n’est pas un cas à part, c’est partout pareil, la multiplication des cancers est incroyable ! Quelque chose dans notre quotidien rend les gens malades.


07 juin 2005

Je suis allée visiter un appartement avec Sophie aujourd’hui alors que nous n’avons pas encore donné le préavis de nos appartements respectifs. Évidemment, cela me donne envie de vivre avec elle, j’en ai marre qu’on soit chacune chez soi. Mais elle se fait opérer le 17 de ce mois, je ne sais pas comment nous pourrions déménager.


25 juin 2005

Je suis à la recherche de la paix intérieure. J’ai découvert Clayderman et je suis en train de lire un livre sur le bouddhisme. J’ai pris du recul par rapport à ma famille qui devient très conflictuelle avec le divorce de mon oncle Patrice. Une partie de la famille garde contact avec ma tante, elle est invitée dans les repas de famille donc forcément, mon oncle ne vit pas bien son divorce. Ce n’est pas évident comme situation, je me mets à sa place, il est nécessaire de laisser le temps au temps avant de repartir sur d’autres bases. Même si la famille voulait garder contact, je n’y vois aucun inconvénient, mais que cela soit plus discret dans l’immédiat. Mon oncle est ce qu’il est, mais je n’ai pas envie d’entrer dans son histoire. Je ne supporte pas de voir souffrir les gens, même si ce sont des personnes qui sont dures avec les autres, je ressens trop la souffrance derrière leur carapace. Ce n’est pas parce que des personnes sont exécrables avec les autres qu’elles ne souffrent pas, bien au contraire, et je suis tellement sensible à la souffrance que je ressentirais celle de mon pire ennemi. Cette sensibilité m’amène toujours à la compassion quoi que ces personnes aient fait. Je préfère rester en dehors de ces histoires familiales, d’ailleurs, j’ai bien assez de soucis pour moi, je n’ai pas envie d’endosser ceux des autres. Je n’ai pas l’énergie pour cela.

Sophie s’est fait opérer, cela fait maintenant neuf jours. L’intervention a duré 7 h 30. Le chirurgien n’a pas pu lui retirer tous les nodules qui envahissaient ses intestins tellement ils étaient nombreux. Son intestin a été raccourci de douze centimètres. Le chirurgien n’a jamais vu un cas aussi sévère, son hospitalisation a été prolongée, car elle doit rester sous surveillance médicale. Sophie a renforcé sa carapace, elle ne montre aucune émotion quant à son état de santé et devient intraitable face aux miennes. Mes émotions la déstabilisent, elle ne supporte pas de me voir mal et devient agressive. Je reste entière, avec mes forces et mes faiblesses, elle voit en moi ce qu’elle refuse chez elle, accepter d’être mal tout simplement. Pour elle, c’est signe de faiblesse. Pour moi, c’est une libération de lâcher la pression. Je ne cache rien quand ma sensibilité est à fleur de peau, je ne peux plus me cacher, ma carapace a pris une sacrée claque, elle s’affine avec le temps, et je ne peux rien y faire. Je ne peux plus faire semblant. Je supporte de moins en moins, le manque de communication, les tabous, les non-dits, les façades, les carapaces, tous ces polluants dans les relations qui détruisent tout.

Dans un rayon de la FNAC, j’ai lu dans un livre sur la maladie d’Alzheimer, que cette maladie serait en fait, pour les chercheurs, une sorte de suicide. Les gens quitteraient la réalité de la vie qui leur semblerait trop dure à vivre. J’ai toujours été convaincue que la maladie de ma mère n’était pas un hasard, d’ailleurs aucune maladie n’est due au hasard. LE MAL A DIT QUOI ? Un message que chacun devrait entendre pour sa guérison, si la guérison est souhaitée, ce qui n’est pas toujours le cas... la maladie a parfois son confort inconscient. Elle maintient dans un état de victime, c’est plus facile que de prendre ses propres responsabilités pour assumer ses choix de vie. Je dis bien que ce processus est totalement inconscient, personne n’y échappe d’une façon ou d’une autre. En ce qui concerne ma mère, cette lecture furtive entre les rayons du magasin a totalement résonné en moi. Cette explication était d’une logique imparable.
Maryline