
19 Novembre 2006
Les mois ont passé, Sophie a définitivement quitté la région, l’appartement et ma vie depuis avril dernier. J’ai gardé l’appartement et j’ai invité ma sœur à cohabiter avec moi puisqu’elle cherchait à déménager de son quartier, c’était l’occasion de se retrouver et de se soutenir mutuellement face au tsunami familial. La décision a été rapidement prise, je n’avais pas le choix, soit je rendais l’appartement pour en trouver un plus petit, soit ma sœur devenait ma colocataire. Je n’aurais pu vivre avec personne d’autre. Nos horaires respectifs en décalé, même le week-end, nous permettait à chacune d’avoir nos temps d’intimité nécessaires pour l’une comme pour l’autre.
Depuis avril, tout se passe bien, le calme est revenu, la paix commence à prendre place en moi, je me sens libérée. Je suis allée au bout de mon histoire avec Sophie, il est maintenant clair et net que chacune poursuivra sa route et nous ne reviendrons plus en arrière. La cohabitation pendant six mois a été douloureuse, le départ aussi, il m’a fallu du temps pour me retrouver, je n’arrivais même plus à écrire. Elle a profité d’une journée où je travaillais pour déménager les meubles avec son compagnon. Je n’avais quasiment rien à moi puisque j’avais revendu pas mal de choses pour emménager, nous avions tout en double ! J’avais juste gardé la chambre puisque nous en avions deux. Lorsque je suis rentrée le soir, très tard, j’ai trouvé un appartement au trois quarts vides, elle avait laissé son canapé au milieu de la pièce de vie, sans doute par manque de place dans le camion ou chez son compagnon, que sais-je ? Ce n’était pas une surprise, je savais qu’elle déménageait ce jour-là, mais au fond de moi, j’ai senti mon corps se resserrer quand j’ai ouvert la porte d’entrée. Même si la douleur est passée, ce sont des moments inoubliables pour le cœur.
Les jours qui ont suivi, j’ai fait quelques travaux de peinture pour préparer l’arrivée de ma sœur. Elle s’est installée environ une semaine après, l’appartement a repris vie et moi aussi ! Nous avons acheté un ordinateur, et nous avons pris un abonnement internet. Ma sœur était en formation pour devenir infirmière et moi je reprenais les études en psychologie par correspondance, l’ambiance était studieuse. J’avais un mini mémoire à rédiger sur le thème de l’Alzheimer. L’ordinateur n’est pas juste un outil de travail, j’ai découvert les blogs et j’en ai ouvert un sur une plateforme gay depuis seulement quelques jours. J’ai rédigé quelques articles sur mon quotidien, une façon de reprendre l’écriture, plus dans mon carnet ou sur Word, mais pour partager et communiquer avec d’autres personnes. L’ambiance est assez conviviale sur ce site, c’est plaisant de s’y retrouver.
- Mary à quoi tu penses?
- A rien...
- Si je vois bien que tu es ailleurs.. dis-moi ?
- Non, Angéla... non.
Tu as posé ta main sur la mienne et tu m'as dit :
- Je suis heureuse de t'avoir rencontré, Mary, tu es mon rayon de soleil, et je ne veux pas retourner en Roumanie, je ne veux pas qu'on soit séparée...
- Humm... c'est à ça que je pensais...
- Je sais...
Ta main a serré la mienne, je ne savais quoi penser de ce qui se passait là, mais jamais je n'aurai tenté quoi que ce soit entre nous. J'avais le sentiment de marcher sur un fil et que le moindre faux pas allait tout foutre en l'air.
- Viens Mary, viens avec moi, on les laisse là, on va écouter les vagues... disais-tu avec ton accent roumain.
On s'est assise devant la mer, tu ne lâchais pas ma main, et tu continuais à me dire que tu te sentais bien avec moi. Ton mari était là Angéla, je ne te suivais pas, j'étais paumée. Ils sont venus nous chercher pour qu'on reparte, il faisait froid, on ne s'en rendait même pas compte.
Je devais commencer à rédiger mon mini-mémoire aujourd'hui... et qu'est-ce que j'ai fait ? Rien ! J'avais envie de voyager alors je suis allée sur les sites de photos de Bretagne et j'ai téléchargé... voilà ! C'est mon petit paradis à moi et beaucoup de choses me rattachent à lui. J'ai toujours été convaincu que ma vie se poursuivrait un jour là-bas, j'ai toujours eu en moi ce sentiment que le bonheur se trouverait là-bas, je ne sais pas pourquoi, c'est comme ça depuis le premier jour où j'ai posé mes pieds sur cette terre exceptionnelle... même si je sais que je ne peux pas partir maintenant, je sais que je finirai par partir. Peut-être pour un nouveau départ, mais pas n'importe lequel. Il sera mûrement réfléchi celui-là, il ne sera pas impulsif, ça c'est sûr et certain !
J'écoute Natasha Saint-Pier : un ange frappe à ma porte... et si c'était vrai ? Natasha St Pier a suivi les histoires de ma vie. Avec "On se raccroche", c'est à ma petite collègue roumaine que je pense, Angela... Quelle histoire! Quelle ouragan dans mon cœur... Chère Angéla, tu m'aurais fait faire n'importe quoi et tu le savais, on s'est battue ensemble pour que tu puisses rester en France, on a passé des heures à discuter, on dépassait les bornes au boulot, je venais te voir quand tu bossais pour te remonter le moral, tu venais me chercher à la sortie du boulot, on s'envoyait des tonnes de textos, on n'arrivait plus à gérer les relations purement professionnelles, notre amitié-amoureuse prenait le pas sur tout...
Je ne t'ai jamais dit ce que je ressentais pour toi, tu étais mariée, mais tu me faisais craquer. Je sentais que tu te perdais par moment, tes yeux plongés dans les miens, ta main qui prenait la mienne, tu t'amusais à passer ta main dans mes cheveux, on aurait dit que tu en faisais exprès, pour savoir si j'allais craquer peut-être... Tu me laissais des petits mots dans mon casier au boulot, quand je reprenais le quart après toi le matin, je savais que la veille au soir tu m'aurais laissé un message pour m'aider à commencer la journée de boulot en douceur... ma chère Angéla, je ne regardais jamais tes messages au boulot, je les lisais chez moi... tu finissais toujours par me dire que tu m'aimais... comment voulais-tu que j'entende ça ? Dis-moi ? En Roumanie, on exprime tous ses sentiments, c'est ce que tu disais... Nous étions sur un terrain glissant, trop glissant. Je me souviens, c'est toi qui m'a fait découvrir Natasha, à fond dans ta voiture, tu mettais cette chanson en boucle : on se raccroche.
Ce jour là, j'étais perturbée, tu l'avais vu, tu conduisais sur l'autoroute, et tu m'as dit :
- Mary à quoi tu penses?
- A rien...
- Si je vois bien que tu es ailleurs.. dis-moi ?
- Non, Angéla... non.
Tu as posé ta main sur la mienne et tu m'as dit :
- Je suis heureuse de t'avoir rencontré, Mary, tu es mon rayon de soleil, et je ne veux pas retourner en Roumanie, je ne veux pas qu'on soit séparée...
- Humm... c'est à ça que je pensais...
- Je sais...
Ta main a serré la mienne, je ne savais quoi penser de ce qui se passait là, mais jamais je n'aurai tenté quoi que ce soit entre nous. J'avais le sentiment de marcher sur un fil et que le moindre faux pas allait tout foutre en l'air.
Ce soir là, nous sommes allées à la mer en pleine nuit, avec ton mari et notre directrice de restaurant Vanessa, qui se battait aussi pour que tu puisses rester en France. Nous sortions souvent, nous faisions des soirées chez toi, on n'arrêtait pas. Et arrivé sur la plage tu m'as scotchée. Ton mari et Vanessa sont restés en haut de la plage car il faisait froid, ils ne voulaient pas s'approcher de l'eau. Tu m'as attrapé par la main et tu m'a entrainé en courant vers la mer :
- Viens Mary, viens avec moi, on les laisse là, on va écouter les vagues... disais-tu avec ton accent roumain.
On s'est assise devant la mer, tu ne lâchais pas ma main, et tu continuais à me dire que tu te sentais bien avec moi. Ton mari était là Angéla, je ne te suivais pas, j'étais paumée. Ils sont venus nous chercher pour qu'on reparte, il faisait froid, on ne s'en rendait même pas compte.
Et puis, tu es tombée enceinte et, ce fut le début de la fin... Tu t'es fait arrêter très tôt, tu ne vivais pas bien ta grossesse, tu étais mal, déprimée, tu t'en prenais à moi, tu disais qu'on ne se comprenait plus, je crois que tu t'es perdue dans tes sentiments. Tu as pris un congé maternité, ton père est décédé en Roumanie, ta vie à basculée. Tu as prolongé ton congé et tu as fini par te faire licencier. Je ne t'ai jamais revu, je n'ai jamais vu ton enfant, même quand tu venais au resto pour tes papiers administratifs, je n'étais jamais là ce jour là... était-ce un hasard ? Je ne saurais jamais, mais en tout cas, c'était surement mieux comme ça, pour nous deux.
Voilà comment Natasha m'emmène, dans les souvenirs du passé...
Voilà comment Natasha m'emmène, dans les souvenirs du passé...
Maryline
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